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© jeanlouis zimmermann
Thématique : Industrie/entreprise/commerce
Type de contenu : Dossier législatif
Donner les moyens au commerce, à l’artisanat et aux très petites entreprises de développer leur activité et de s’adapter à l’environnement économique actuel, permettre aux collectivités de réguler l’implantation des commerces : telles sont les ambitions du projet de loi adopté au Sénat dans un très large consensus le 17 avril 2014.
Ce texte prend des mesures justes et concrètes de protection du locataire commerçant :
Redonner à la résiliation triennale des baux commerciaux son caractère d’ordre public
→ Pour éviter qu’un commerçant reste lié dans le cadre d’un bail sans possibilité de résiliation
Instituer un d roit de préférence pour le locataire en cas de vente du local qu’il occupe
→ Pour protéger les commerçants contre les cessions de locaux
Lisser les hausses de loyers commerciaux en cas de déplafonnement par palier de 10% par an
→ Pour gérer des hausses de loyer parfois brutales lors du renouvellement du bail
Encadrer les clauses de garantie dans les cessions de bail (◊ initiative Sénat)
→ Pour protéger le cédant contre les défaillances du cessionnaire
Sur initiative du rapporteur, le Sénat a autorisé les commerces de proximité exposés à des risques de vol ou d'agression, à installer des systèmes de vidéo protection.
Sur initiative du Sénat, le texte de loi prévoit que le tribunal de commerce qui retient une offre de reprise des actifs d’une entreprise peut autoriser, dans le plan de reprise, l’adjonction d’une activité connexe ou complémentaire.
Le projet de loi prévoit plusieurs mesures de simplification sur le volet « baux commerciaux » :
→ Augmenter la durée des baux dérogatoires de deux à trois ans pour laisser le temps de tester une activité sans trop s’engager.
→ Permettre le recours à la lettre recommandée avec demande d’avis de réception pour le congé.
→ Étendre la compétence des commissions départementales de conciliation aux litiges relatifs au montant du loyer à l’occasion des révisions triennales et aux charges et travaux ; les litiges sont ainsi plus rapidement résolus sans les frais et délais d’une procédure devant un tribunal.
→ Clarifier des relations contractuelles pour anticiper les sources de litige : réalisation obligatoire d’un état des lieux, définition et répartition précise des charges locatives.
Le texte renforce les capacités d’intervention des collectivités :
→ Le recours au droit de préemption commercial est facilité grâce à des possibilités de délégation plus étendues, à un EPCI ou à une SEM par exemple.
→ L’expérimentation du contrat de revitalisation artisanale et commerciale donnera à l’Etat et aux collectivités un cadre sécurisé et concerté pour mener des actions de sauvegarde, de protection, de modernisation du commerce de proximité sur un territoire identifié (◊ extension de l’expérimentation à l’artisanat, initiative groupe socialiste du Sénat).
Par ailleurs, les sénateurs socialistes ont adopté des dispositions qui donneront aux élus une meilleure maîtrise de l’aménagement commercial de leur territoire (cf. infra).
Le projet de loi adopté par le Sénat a pour ambition de conforter l’image de qualité attachée à l’artisanat en renforçant les exigences de qualification. Les mesures adoptées vont dans le sens de la professionnalisation, la reconnaissance des savoirs faire et la confiance du consommateur :
→ Abroger la notion d’« artisan qualifié » (qui pouvait laisser supposer que certains artisans n’étaient pas qualifiés).
→ Redéfinir les critères permettant de qualifier un artisan : il doit être immatriculé au répertoire des métiers ; il doit justifier d’un diplôme , d’un titre ou d’une qualification professionnelle dans le métier ; il doit exercer lui-même le métier.
→ Assouplir le « droit de suite » en autorisant une immatriculation sans aucune limitation de durée au registre des métiers pour toute entreprise artisanale dépassant les dix salariés.
→ Etendre le pouvoir de contrôle des chambres des métiers au contrôle de la qualification .
→ Consacrer les métiers d’art.
→ Prévoir l’ obligation pour les artisans de mentionner, sur leur devis ou leur facture, l’assurance professionnelle souscrite lorsque celle-ci est obligatoire (ce point pourrait être ajusté en CMP ) : l’objectif est de mettre un terme aux distorsions de concurrence et de permettre au consommateur de se retourner contre le professionnel suite à une éventuelle défaillance.
Le texte adopté au Sénat fusionne le régime de la micro-entreprise avec celui de l’auto-entrepreneur en conservant le principe de la simplification : simplicité d’inscription et calcul de l’impôt et des cotisations sociales en fonction du chiffre d’affaires réalisé.
Les plafonds de chiffre d’affaires applicables aujourd’hui aux entrepreneurs sont maintenus : 32.900 euros pour les prestations de service et à 82.200 pour les autres activités.
Les auto-entrepreneurs seront soumis aux mêmes exigences que les entrepreneurs individuels : immatriculation au répertoire des métiers, réalisation d’un stage de préparation à l’installation ou d’un accompagnement à la création d’entreprise délivré par un des réseaux d’aide à la création d’entreprise (◊ initiative Sénat), acquittement de la taxe pour frais de chambres de métiers et de l’artisanat.
Le Sénat propose un s uivi des auto-entrepreneurs susceptibles d'accéder au statut de droit commun de l'entreprise individuelle (à partir d'un seuil de 50% du plafond de chiffre d'affaires autorisé).
Le projet de loi facilite l’accès au régime de l’entreprise individuelle à responsabilité limitée (EIRL) :
→ En simplifiant le passage vers le régime de l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée : →En facilitant le changement de domiciliation des EIRL
→ En allégeant les obligations de publication des comptes annuels de l’EIRL
→ En simplifiant les formalités de création de l'entreprise individuelle : s uppression du droit d'enregistrement de la déclaration d'affectation du patrimoine auprès des services fiscaux (sur initiative du Sénat).
→ Le texte adopté par le Sénat comprend désormais un volet qui modernise l’urbanisme commercial en adéquation avec les besoins des territoires pour développer la proximité et la diversité de l’offre commerciale.
Le groupe socialiste du Sénat a proposé une série de mesures pour redonner la main aux élus :
→ Les sénateurs socialistes ont fait adopter l’intégration du document d’aménagement artisanal et commercial (le DAC ) dans le SCoT. Il est proposé que le DAC définisse des secteurs d’implantation commerciale en périphérie et en centre bourg et le cas échéant des conditions d’implantation spécifiques à ces secteurs . Cette mesure permettra aux intercommunalités de prendre en compte plus finement, dans leur stratégie, la réalité économique territoriale.
→ Sur initiative du rapporteur, les commissions d’aménagement commercial devront prendre en compte les orientations fixées par le SCoT.
→ La procédure d’autorisation commerciale est simplifiée : le permis de construire tiendra lieu d'autorisation d'exploitation . L'avis conforme que donne la CDAC ou la CNAC devient un acte préparatoire à la délivrance du permis de construire qui seul est attaquable devant le juge administratif. La procédure intégrée garantit une meilleure cohérence entre la décision relative au permis de construire et celle relative à l’exploitation commerciale. Seul le permis de construire est désormais attaquable devant le juge administratif, ce qui fera gagner plusieurs mois par rapport au dispositif actuel.
→ Le texte réforme la composition et les critères de décision de la commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) qui permettent une plus grande transparence et de mieux répondre aux besoins des territoires.
Le rapporteur socialiste a fait adopter les mesures suivantes :
→ Obligation, en outre-mer, de proposer au préfet un plan de prévention des ruptures d'approvisionnement en carburant garantissant, en cas d'interruption volontaire de leur activité, la livraison de produits pétroliers pour au moins un quart des détaillants de son réseau de distribution.
→ Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (FISAC) : le dispositif est recentré sur la revitalisation du tissu commercial de proximité. Le Gouvernement a pris l’engagement de traiter le stock de dossiers restant en instance conformément aux anciens critères.
→ Le projet de loi prévoit que les aides publiques versées aux entreprises doivent être utilisées au service de la croissance et de l’emploi et n’ont pas pour objectif le versement de dividendes aux associés. Sur initiative du rapporteur, cette mesure a été étendue aux rémunérations et avantages de toute nature versés aux mandataires sociaux.