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Protection des consommateurs : intervention de Claude Bérit -Débat

Thématique : Industrie/entreprise/commerce
Services publics/transports/energie
Solidarité/Santé/Sécurité sociale

Date : 20 décembre 2011

Type de contenu : Intervention

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, on dit que le diable se niche dans les détails, et le texte dont nous allons débattre à partir d’aujourd’hui en est la preuve dans bien des cas.

En effet, en déposant ce projet de loi, Gouvernement semblait viser un objectif frappé au coin du bon sens. Il s’agissait, comme l’indique le titre de ce texte, de renforcer les droits, la protection et l’information du consommateur, volonté louable dont on voit mal comment on pourrait ne pas la partager.

Cependant, si l’objectif affiché est évident, il apparaît très rapidement que les moyens proposés pour l’atteindre ne sont pas tous à la hauteur de ce que l’on pourrait espérer. C’est donc plus en fonction des moyens proposés dans ce texte que par rapport à la fin visée qu’il faut nous prononcer.

À cet égard, je le dis d’emblée, il était nécessaire de renforcer la protection du consommateur dans un certain nombre de domaines. C’est pourquoi le groupe socialiste a choisi, dès l’examen en commission, de travailler à enrichir le texte ; la tâche n’était pourtant pas aisée.

En effet, à bien y regarder, ce projet de loi est d’abord et avant tout un catalogue de dispositions et de mesures d’inégale importance. Ainsi, on passe de la grande distribution à l’immobilier, puis aux télécommunications – Internet et téléphonie –, à l’énergie, à l’optique, à l’origine géographique des produits, à la restauration, à la vente à distance, au crédit, et j’en passe !

Cet inventaire que Prévert n’aurait pas renié n’est pas satisfaisant. En effet, monsieur le secrétaire d’État, les dispositions proposées soit ne vont pas assez loin, soit sont orientées par une logique dont on peut contester le bien-fondé.

Trop souvent, le texte part du postulat selon lequel c’est encore et toujours la concurrence qui devra améliorer le pouvoir d’achat. Or il n’est plus à démontrer que la libéralisation d’un marché n’est pas, en tant que telle, un gage pour le consommateur. La grande distribution est un exemple caricatural de ce point de vue. En effet, on a créé un Observatoire des prix et des marges chargé de surveiller, en travaillant maintenant sur les marges brutes et nettes, l’évolution des prix dans les grandes surfaces.

L’énergie est un autre exemple marquant. Qu’il s’agisse de l’électricité ou du gaz, on sait bien que les factures des usagers vont exploser dans les années à venir. Ce projet de loi est donc un texte en trompe-l’œil. Le logement, par exemple, mériterait un texte qui soit entièrement consacré à cette question – nous nous y emploierons demain ! – et qui traiterait des conditions d’accession à la propriété et, plus globalement, de la garantie d’accès au logement.

Cependant, je l’affirme au nom du groupe politique que je représente, monsieur le secrétaire d’État : j’admets que votre texte comporte quelques avancées.

Certes, tant sur le fond que sur la forme, on ne peut se satisfaire de ce projet de loi : tout d’abord, le calendrier retenu est insatisfaisant. Ensuite, et surtout, le Gouvernement rejette encore et toujours les dispositions centrales de la protection des consommateurs.

Néanmoins, si ce texte n’est pas parfait, loin s’en faut, il a au moins un mérite : celui d’exister. Nous nous en sommes donc servis comme d’un point de départ pour protéger plus largement les Français et leur pouvoir d’achat.

Nous estimons que, aujourd’hui, certains biens, comme le logement, ou certains services, comme l’accès à internet ou à la téléphonie mobile, doivent pouvoir être garantis à tous.

Nous considérons également que l’État doit assumer plus largement son rôle de prescripteur dans un certain nombre de domaines : il en va ainsi de la téléphonie mobile. Bien entendu, nous devons veiller à ce que les opérateurs n’usent pas de leur position dominante pour rendre les clients captifs. Cependant, il nous faut également tenir compte des impératifs de santé publique liés aux ondes magnétiques.

Enfin, nous estimons que, dans plusieurs domaines, la législation doit aller plus loin. Dans ce cadre, je souligne que les travaux en commission ont permis d’opérer des avancées substantielles, et je remercie à ce titre nos deux rapporteurs, Alain Fauconnier et Nicole Bonnefoy : je songe, notamment, aux dispositions relatives au recours collectif.

Monsieur le secrétaire d’État, il me semble important que, par votre intermédiaire, le Gouvernement accepte enfin le principe de cette procédure, comme vous le souteniez vous-même par le passé.

Toutefois, si les travaux en commission ont permis d’accomplir quelques progrès, ces avancées me semblent encore insuffisantes. C’est pourquoi nous présentons plusieurs amendements sur ce texte.

Certains d’entre eux sont, sous un certain angle, aussi symboliques que nécessaires, notamment concernant la prévention des expulsions locatives. D’autres tendent à tenir compte de phénomènes nouveaux face auxquels il convient d’agir au plus vite, notamment via la réglementation pour ce qui concerne la publicité pour la vente d’or par correspondance.

Dans un autre registre, il est également indispensable de clarifier les offres en matière de téléphonie mobile et d’internet. Il s’agit, en effet, de garantir le pouvoir d’achat des Français en leur donnant les moyens de mieux s’orienter dans le maquis des offres et des engagements. Toutefois, il faut surtout leur garantir, pour un coût raisonnable, un accès à des services que l’évolution de la société rend aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, totalement indispensables.

Par ailleurs, il faut absolument y voir plus clair sur certaines pratiques, telle que la vente de pièces détachées automobiles. Nous sommes tous soucieux de préserver notre industrie. Toutefois, comment admettre que le prix des mêmes pièces détachées soit jusqu’à 30 % moins élevé en Belgique qu’en France ?

Nous proposerons donc que le Gouvernement remette un rapport sur ce thème et crée – pourquoi pas ? – un observatoire des prix et des marges consacré aux pièces de rechange. Dès lors, nous pourrons nous prononcer en toute connaissance de cause sur cette question.

Enfin, il est primordial d’encadrer beaucoup plus strictement l’accès aux crédits à la consommation.

Renforcer les droits des consommateurs, ce n’est pas seulement leur donner les moyens d’être mieux informés a priori ou de pouvoir contester plus efficacement a posteriori  : c’est également considérer que certaines pratiques ne sont tout simplement pas acceptables.

Nous savons tous aujourd’hui que, face aux difficultés quotidiennes, une solution consiste à faciliter l’accès aux crédits à la consommation.

Toutefois, je rejette cette idée selon laquelle il faudrait consommer toujours plus et s’endetter chaque jour davantage pour rembourser ses dettes. En effet, une telle logique conduit à des situations préoccupantes et souvent dramatiques. Les précédents orateurs l’ont déjà souligné : aujourd’hui, le surendettement frappe des centaines de milliers de Français.

Nous proposerons donc de lutter contre ce phénomène à travers plusieurs amendements, tendant tout d’abord à abaisser le plafond du taux d’usure et ensuite à créer un crédit social inférieur à 3 000 euros.

Ces considérations me conduisent à évoquer un dernier sujet avant de conclure : la prévention du surendettement.

Afin d’endiguer ce fléau, nous sommes nombreux sur ces travées à considérer qu’il est nécessaire de créer un répertoire national des crédits aux consommateurs. Je suis conscient que cette solution soulève d’importantes questions en termes de collecte des données et qu’aucun consensus ne se dégage à ce sujet actuellement. Nous en avons longuement débattu en commission.

Néanmoins, comment accepter qu’une personne puisse aujourd’hui souscrire dix, quinze ou vingt crédits, souvent à des taux usuraires, et doive ainsi rembourser des sommes colossales sans qu’aucun garde-fou existe, mettant en danger l’équilibre d’une famille et conduisant parfois à des gestes irrémédiables ?

Mes chers collègues, nous devons agir. Aussi, afin d’harmoniser les positions de chacun, nous vous proposerons de créer un groupe de travail ouvert à tous, afin que nous puissions nous appuyer sur les données existantes pour formuler des solutions consensuelles sur un sujet aussi grave.

Je tiens à conclure cette intervention sur ce point, afin de vous montrer, monsieur le secrétaire d’État, que nous avons fait le choix de nous emparer de votre texte pour aller au-delà des propositions que vous avez énoncées. J’espère à présent que le Gouvernement fera lui aussi un effort d’ouverture pour renforcer plus encore la protection des consommateurs.

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