La commission des lois du Sénat a adopté ce matin un rapport issu d’une mission d’information relative aux accords migratoires. Parmi ses préconisations figure la dénonciation de l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968. Le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER), par la voix de la sénatrice de la Seine-Saint-Denis, Corinne Narassiguin, s’oppose fermement à cette proposition et décide de quitter la mission d’information, initialement transpartisane.
De toute évidence, cette mission d’information semble n’avoir été qu’un outil créé de toute pièce pour valider la campagne de Bruno Retailleau en faveur de la dénonciation de l’accord franco-algérien. En effet, les auditions d’experts menées durant de nombreux mois n’ont pas mis en évidence de façon claire et unanime la nécessité de dénoncer cet accord.
Une dénonciation de l’accord qui ne repose en réalité sur aucune stratégie véritablement réfléchie, ni perspective sur le jour d’après. Pourtant, une telle option se traduirait par des mesures de rétorsion diplomatiques, économiques et géostratégiques dont la France pâtirait lourdement. Ce serait également le cas en matière migratoire puisqu’une dénonciation aboutirait nécessairement à désarmer la France dans sa lutte contre l’immigration irrégulière.
Personne n’est dupe. La menace de dénonciation, présentée comme une réponse aux provocations du régime algérien, est d’abord un propos d’estrade. Rhétorique antifrançaise d’un côté, dénonciation algérienne de l’autre, des deux côtés de la Méditerranée la même logique prévaut : on chauffe à blanc l’opinion publique. Où sont les adultes dans la pièce ?
Le groupe SER condamne cette escalade aux effets délétères pour les deux pays. Il est temps de retrouver les chemins de dialogue car il n’existe aucune solution qui ne serait pas négociée.
Déjà amendé à quatre reprises par le passé, dont deux fois sous des gouvernements de gauche, cet accord peut et doit évoluer. Mais cela ne peut se faire que par la voie de la négociation diplomatique.
L’accord de 1968 reste dans son principe pleinement justifié en raison de la profondeur des liens humains et historiques et l’imbrication des intérêts économiques, sécuritaires et politiques entre les deux parties. Cet accord est indissociable de l’histoire singulière qui lie notre pays à l’Algérie. Une histoire marquée par cent trente-deux ans de colonisation et six décennies de relations bilatérales sinueuses.
Parce que nous refusons que les Algériens soient les victimes des obsessions et lubies migratoires de la majorité sénatoriale et du ministre de l’Intérieur, le groupe SER dénonce fermement cette nouvelle attaque calquée sur les vieilles revendications de l’extrême-droite.