Après des mois d’attente et de reports, signe d’une fébrilité certaine du Gouvernement sur le sujet, le plan « eau » a enfin été présenté par le président de le République ce jour. Très attendu, il se devait d’apporter des réponses à une situation hydrologique particulièrement sévère en France, tout en engageant une véritable refonte de notre politique de l’eau face aux enjeux du réchauffement climatique.
Réutiliser les eaux usées, résorber les fuites dans les réseaux, mettre en place une tarification progressive de l’eau ou augmenter les moyens des agences de l’eau, autant d’annonces « de bon sens » du président de la République cet après-midi qui nécessiteront désormais, au-delà des mots, des explications de texte et des actions concrètes.
La prudence est de mise car ce Gouvernement nous a démontré ces dernières années la facilité avec laquelle il maniait les milliards et les effets d’annonce sans parfois les traduire dans les actes ou avec des résultats peu probants.
Les sénatrices et sénateurs du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain (SER) regrettent que certaines mesures étaient parfois portées depuis des années par les parlementaires face à un Gouvernement restant sourd. En particulier l’augmentation des moyens des agences de l’eau – par le relèvement du plafond de leurs recettes – afin de mieux financer leurs actions essentielles pour améliorer la qualité et préserver la ressource.
Ils craignent également que le Gouvernement fasse peser le poids de la responsabilité de certaines de ses annonces sur les citoyens. Si la tarification progressive ou encore la mise en place d’un « EcoWatt » de l’eau d’ici l’été peuvent être intéressantes, elles nécessiteront des éclaircissements rapides sur leur mise en œuvre.
Le groupe SER milite pour la refondation de notre politique de l’eau qui devra se fonder sur la sobriété et un partage équilibré, et socialement accepté, des différents usages de l’eau.
Cette nécessaire sobriété ne pourra pas être appliquée partout et de la même manière. Elle devra prendre en compte les réalités de nos territoires, à l’échelle de chaque Bassin Versant, et en lien avec les gouvernances locales et territoriales. La gestion de l’eau et de ses usages doit se traduire par des projets de territoire partagés car c’est seulement à cette échelle que des consensus peuvent être obtenus en s’appuyant sur des médiations efficaces.
Les sénatrices et sénateurs du groupe SER prennent donc acte de ce plan qui comporte des annonces intéressantes sur le papier, mais dont la portée semble encore très insuffisante pour répondre aux enjeux actuels et aux tensions sociales qui en découlent. Ils resteront vigilants quant à la mise en œuvre concrète de ces mesures.
C’est tout l’enjeu du travail engagé par les sénatrices et sénateurs SER pour l’année 2023 dans le cadre de leur mission d’information sur la gestion durable de l’eau qui rendra ses conclusions l’été prochain.