Force est de constater que la récente opération de communication du Gouvernement sur la rencontre Choose France a été menée avec entrain. Selon les termes employés, « elle a rassemblé près de 200 chefs d’entreprise étrangers de 40 nationalités différentes. À cette occasion, 56 projets ont été annoncés représentant 15 milliards d’euros d’investissements et 10 000 créations d’emploi. »
Il n’est cependant pas inutile de revenir sur ces annonces et sur la stratégie retenue par le Gouvernement en matière d’attractivité. Cela ne remet évidemment pas en cause le caractère positif de ces annonces qui permettront de développer notre économie et de créer des emplois. Mais à quel prix ?
Le Gouvernement, et notamment le ministre de l’Économie et des finances, ont bâti depuis 2017 une stratégie d’attractivité économique sur deux axes. C’est en premier lieu la simplification économique. Il s’agit de rationaliser les démarches et de fluidifier les relations entre les acteurs économiques et la puissance publique. Il convient de rappeler que des gouvernements socialistes ont déjà œuvré dans cette logique et que cette simplification est la bienvenue, à la condition toutefois de ne pas porter préjudice à la sécurité des consommateurs ou encore aux protections offertes aux salariés.
Le second et principal pilier de l’action gouvernementale est l’attractivité fiscale de la France, promue largement par le Gouvernement avec la baisse de l’impôt sur les sociétés (décidée à la vérité à la fin de la présidence de François Hollande), puis avec la pérennisation sous forme de baisses de cotisations sociales du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), mais aussi et surtout avec la réduction des impôts dits de production. Le message est clair : la France ajuste à la baisse ses prélèvements obligatoires.
Cette démarche a évidemment un coût très conséquent en matière de finances publiques et amoindrit significativement les possibilités d’action et d’investissement de l’État (et des collectivités territoriales). Sans pour autant faire de la France un pays en pointe en matière de compétitivité-prix par rapport à certains pays concurrents.
Au contraire, la France dispose d’une compétitivité-hors-prix très positive : il s’agit d’éléments d’attractivité tels que l’absence de corruption, la qualité des infrastructures, la présence d’un service public de bonne qualité, ou encore la prévisibilité de la réglementation.
Ainsi, contrairement à ce pense le Gouvernement, on peut affirmer que ce ne sont pas les baisses fiscales consenties qui attirent les entreprises et les investissements étrangers mais plutôt le niveau de dépenses publiques d’intérêt général (formation, infrastructures…) qui bénéficient tant aux particuliers qu’aux entreprises. En ce sens, la stratégie gouvernementale est particulièrement discutable contrairement aux discours d’autosatisfaction tenu ces derniers jours. Les conséquences de cette politique risquent de se faire durement sentir dans les années à venir.