Dégradation de la note de la France : du désarmement fiscal et de l’aveuglement doctrinal

Sans grande surprise, l’agence de notation Standard and Poor’s a dégradé la note de la France en fin de semaine dernière en la passant de AA à AA-.

Cette décision confirme malheureusement les critiques que les socialistes formulent depuis sept ans à l’encontre de la politique mise en œuvre par Emmanuel Macron et Bruno Le Maire.

Elle est motivée par le poids trop important du déficit et de la dette en France, mais aussi et surtout par le manque de crédibilité de la trajectoire budgétaire envisagée par le gouvernement.

Cette dégradation de la note de la France ne sera pas un séisme pour le quotidien des Françaises et des Français, d’autant que les marchés avaient largement anticipé cette annonce. La France avait été placée depuis quelques mois en « perspective négative » par l’agence, ce qui préfigurait cette dégradation. Elle aura cependant un coût pour les finances publiques, avec un durcissement attendu des conditions d’emprunt auxquelles est soumis l’État.

Le gouvernement justifie cette situation avec cynisme et mauvaise foi. 

D’un côté, Thomas Cazenave impute les difficultés budgétaires de la France aux collectivités territoriales qui seraient bien plus dépensières que l’État central. Une affirmation absurde. Les collectivités sont tenues au strict équilibre de leur budget – contrairement à l’État – et leurs dépenses d’investissement représentent 70% de la commande publique. Elles sont essentielles pour la cohésion des territoires et l’engagement d’une réelle transition environnementale.

D’un autre côté, Bruno Le Maire fustige l’interventionnisme gouvernemental. La France a en effet engagé de lourdes dépenses durant la pandémie de COVID-19, puis pour faire face à l’envolée des prix de l’énergie et à l’inflation qu’a connue le pays ces derniers mois. Mais ces dispositifs mis en place par le gouvernement ne concernaient qu’une partie de la population et ont renforcé les inégalités au détriment, souvent, des plus précaires.

La difficulté budgétaire française n’est pas liée à l’interventionnisme de l’État mais bien à la déconnexion entre les recettes et les dépenses, alors que les décisions prises depuis 2017 par le gouvernement auront représenté 587 milliards de baisse de recettes fiscales sur la décennie 2017-2027.

Face à un gouvernement davantage préoccupé par les indicateurs statistiques que par le sort de nos concitoyens, il faut remettre en cause le dogme de la baisse du niveau des prélèvements obligatoires afin de rétablir les comptes publics, mais aussi d’engager les politiques publiques nécessaires à la France.

La nécessaire révision des priorités budgétaires

La baisse des recettes fiscales n’est pas un simple choix politique, mais une orientation idéologique qui favorise les plus riches au détriment des services publics et des plus vulnérables. 

La suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) et la mise en place de la flat tax sur les revenus du capital en sont des exemples emblématiques. Loin de stimuler l’économie comme l’avait promis le gouvernement, ces mesures, ont accentué les inégalités et fragilisé notre cohésion sociale.

Une politique budgétaire au service de la transition écologique et sociale

Pour sortir de l’impasse budgétaire et redonner du souffle à notre économie, il est impératif de réorienter les finances publiques vers des investissements productifs et durables. 

La transition écologique, par exemple, nécessite des investissements massifs dans les infrastructures vertes, les énergies renouvelables et la rénovation énergétique des bâtiments. De même, un renforcement des services publics dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des transports, est essentiel pour garantir l’égalité des chances et la justice sociale.

Vers une fiscalité plus juste et progressive

Enfin, il est indispensable de réformer notre système fiscal pour le rendre plus juste et plus efficace. Cela passe par une progressivité accrue de l’impôt sur le revenu, la réintroduction de l’ISF sous une forme modernisée et la lutte contre l’évasion fiscale.

Une fiscalité juste et progressive permettrait non seulement de réduire les inégalités, mais aussi de dégager des marges de manœuvre budgétaires pour financer les politiques publiques dont la France a tant besoin.

La dégradation de la note de la France par Standard and Poor’s doit être l’occasion de repenser en profondeur notre modèle économique et fiscal. 

Plutôt que de céder au fatalisme et aux logiques d’austérité, il est temps de mettre en œuvre des réformes ambitieuses et courageuses pour bâtir une société plus juste, plus solidaire et plus durable.

Revenir en haut de page