Pierre Mauroy, ancien Premier ministre, était non seulement un homme politique influent, mais aussi un visionnaire. Dans son livre Héritiers de l’avenir publié en 1977, il écrivait sur l’importance de la décentralisation pour libérer la République de son héritage monarchique. Ces mots résonnent particulièrement aujourd’hui, alors que le gouvernement Barnier prévoit des coupes budgétaires drastiques pour les collectivités territoriales dans son projet de loi de finances.
Après plusieurs années d’un mode de gouvernance très centralisé, on assiste à un retour vers un État encore plus jacobin. Les réformes annoncées menacent l’autonomie des collectivités locales, pilier fondamental de la décentralisation depuis 1981.
Le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain estime que ces coupes atteindraient en réalité 10 milliards d’euros, bien plus que les 5 milliards annoncés par le Gouvernement. Parmi ces mesures, on trouve la réduction des ressources de fonctionnement des collectivités les plus grandes, la baisse de la compensation via la TVA et la diminution des fonds pour l’investissement public local.
Malgré le fait que les collectivités locales ne représentent que 9 % de la dette publique, l’effort budgétaire qui leur est demandé dépasse 15 % de l’effort total de l’État. Cela touche autant leurs dépenses d’investissement que de fonctionnement, à un moment où de nombreux avantages fiscaux sont accordés aux plus grandes entreprises.
La question que l’on peut se poser est de savoir si cet affaiblissement des collectivités territoriales ne met pas en danger la démocratie locale et le bon fonctionnement de notre système politique.