La réduction du train de vie de l’État est, comme nous le savons, un leitmotiv bien connu de la droite française, repris avec vigueur aujourd’hui par la majorité sénatoriale.
Le Projet de loi de finances (PLF) 2025, en ciblant la diminution du nombre d’opérateurs et d’agences de l’État, s’inscrit dans cette logique d’austérité. Or, cette volonté affichée de faire des économies budgétaires masque une réalité plus inquiétante : la mise en danger de l’équilibre territorial voir démocratique de notre pays.
Ces opérateurs, souvent perçus comme des structures coûteuses et opaques, sont pourtant des acteurs essentiels de la mise en œuvre des politiques publiques au niveau local. Ils incarnent la décentralisation et permettent de répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire. Loin d’être de simples courroies de transmission de l’État central, ils agissent comme des catalyseurs de projets, des facilitateurs de partenariats et des experts au service des collectivités locales.
L’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), créée en 2020, est un exemple emblématique de l’importance de ces opérateurs. Sa mission : accompagner les collectivités locales dans la réalisation de projets visant à réduire les inégalités entre les territoires. Revitalisation des centres-villes, développement économique, accès aux services publics, transition numérique… l’ANCT intervient sur un large éventail de thématiques pour construire une France plus juste et plus solidaire.
Si nous pouvons entendre le bien-fondé de certaines critiques et voix s’élevant en faveur d’une plus grande rationalisation de ces entités, dont le mode d’organisation, la coordination et parfois le champ d’action peuvent sembler perfectibles, ces dernières ne doivent pas pour autant devenir les réceptacles de la frénésie austéritaire portée par l’actuel Gouvernement.
La Gauche tout entière doit s’ériger en farouche opposante face aux conséquences plurielles que pourraient induire cette politique de rigueur financière aveugle. Affaiblir opérateurs et agences reviendrait à priver nos territoires des outils indispensables à leur développement, à creuser les fractures existantes et à abandonner à terme des pans entiers du pays à une marginalisation sociale, culturelle, économique, citoyenne.
Ce « rabotage budgétaire » risquerait de réduire la capacité d’action de ces acteurs dans un contexte marqué par l’urgence de la crise climatique, la nécessité de poursuivre nos efforts vers une transition énergétique pérenne et notre devoir politique de reconquérir des territoires où le sentiment de déclin se fait chaque jour plus prégnant.
L’équilibre territorial n’est pas un luxe, c’est une condition essentielle à la cohésion nationale et à la vitalité démocratique. Sacrifier ces opérateurs sur l’autel de la rigueur budgétaire, revient à opérer un choix malavisé qui pourrait entraîner, à terme, la fragilisation de notre modèle social et l’accroissement des inégalités existantes au sein de nos territoires.
La France a besoin d’un État fort, un État qui soutient et accompagne les initiatives locales, un État qui investit dans l’avenir commun. L’ANCT et les autres opérateurs sont des outils précieux pour atteindre cet objectif, il est temps de leur donner les moyens de leurs ambitions.
Nos territoires, nos concitoyens et, finalement, la République, en dépendent.