Micro-entrepreneurs, les grands sacrifiés d’une fiscalité improvisée

Le Gouvernement voulait faire passer une nouvelle pilule amère en catimini. L’abaissement du seuil d’exonération de TVA à 25 000 € pour les micro-entreprises, prévu dans le projet de loi de finances 2025, aurait frappé de plein fouet des milliers de travailleurs indépendants. Face au tollé suscité, la mesure a été suspendue. Une reculade ? Plutôt un aveu : celui d’une improvisation fiscale chronique et d’une indifférence totale aux réalités du terrain.

Une décision absurde et précipitée

Loin d’être une réforme structurée et réfléchie, cette mesure a été élaborée dans l’urgence, sans concertation, sans étude d’impact sérieuse. Le Gouvernement justifie ce projet par la nécessité de réduire la distorsion de concurrence entre les micro-entrepreneurs et les entreprises classiques. Ce faisant, il oublie que c’est précisément ce régime simplifié qui permet aux plus petites structures de survivre dans un environnement économique de plus en plus hostile.

Derrière cette annonce se cache une logique purement comptable : faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État, sans considération pour les conséquences économiques et sociales. Forcer des travailleurs précaires à collecter la TVA, c’est les condamner à augmenter leurs tarifs de 20 % donc sans doute à perdre des clients et, pour certains, mettre la clé sous la porte.

Les indépendants sacrifiés sur l’autel de l’opportunisme fiscal

Cette réforme avortée n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond : depuis 2017, la politique fiscale menée privilégie les grandes entreprises et les multinationales, tandis que les TPE et PME voient leur environnement se dégrader. À force de bricolages successifs et d’attaques répétées contre le régime des auto-entrepreneurs, on organise délibérément leur précarisation.

Loin d’une volonté de justice fiscale, cette mesure aurait accentué la fracture entre les petits et les gros acteurs économiques. Faut-il rappeler que les indépendants ne bénéficient ni de la protection sociale des salariés, ni des facilités d’optimisation des grandes structures ?

Une refonte fiscale nécessaire, mais pas aux dépends des indépendants

Le vrai débat est ailleurs. Oui, le système fiscal des entreprises doit être repensé. Oui, il faut trouver des solutions aux distorsions de concurrence. Mais le faire en précipitant des milliers de micro-entrepreneurs dans la difficulté paraît inconséquent.

Ce qu’il faut, c’est une réforme globale, équilibrée, qui ne cible pas les plus vulnérables pour masquer l’incapacité gouvernementale à maîtriser ses finances. Une refonte basée sur la progressivité, sur une juste répartition de l’effort fiscal et sur des règles équitables pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.

Plutôt que de chercher à grappiller quelques millions en étranglant les petits travailleurs indépendants, le Gouvernement ferait mieux de s’attaquer aux véritables niches fiscales des grands groupes.

Mais pour cela, il faut une volonté politique…

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