Marie-Arlette Carlotti est intervenue lors du débat suivant la déclaration du gouvernement sur les partenariats renouvelés entre la France et les pays africains.
Après les coups d’État au Mali puis au Burkina-Faso, puis au Niger, la France doit revoir de fond en comble sa politique à l’égard de l’Afrique et les conditions de sa présence dans la région.
Le désamour de la France n’est pas nouveau.
C’est d’abord la présence militaire française en Afrique qui pose problème. Il y a toujours quatre bases permanente sur le continent, plus de 3000 soldats et une présence continue depuis les indépendances, très loin d’un retrait de l’armée française. Il faut s’interroger sur l’utilité de ces bases et rendre hommage à l’engagement de nos soldats lors des opérations Serval et Barkhane.
Le franc CFA est un autre symbole de la domination française. La promesse de 2019 de réformer le franc CFA doit aboutir. Les pays africains ont besoin d’une monnaie au service du crédit, de l’emploi, de l’écologie et qui ne soit pas livrée à tous les vents de la spéculation.
La politique française d’attribution des visas a engendré d’énormes frustrations. Il faut revenir sur une politique des visas plus ouverte.
L’aide au développement intervient trop souvent sous forme de prêts, pas assez sous forme de dons. Il faut faire des ONG les partenaires privilégiés des actions de solidarité de la France.
Le ministère ne peut pas traiter les dossiers au cas par cas. Il n’en a pas l’expertise et les critères ne sont pas définis.
La politique africaine de la France s’effondre au profit de nouveaux partenaires. Pour autant, la France ne doit pas abandonner l’Afrique, un tel désengagement serait catastrophique pour les intérêts français, européens mais surtout pour ceux de l’Afrique. La Russie, la Chine en tireraient immanquablement les bénéfices en y pillant d’ailleurs les ressources.
Mais la politique de la France en Afrique doit être révisée en profondeur. La France doit sortir de son isolement, donner une dimension européenne à ses relations avec les pays d’Afrique et inscrire ses actions dans le cadre des priorités définies par les Africains.